Casse-croûte (extrait du livre)

 

Les vingt-quatre heures sont parfois épuisantes suivant le temps de sommeil que nous avons... Si en plus de cela, la journée était rude, avec quelques décompensations par-ci par-là ; les yeux se font petits vers cinq heures du matin...

Justement, en parlant de garde je m’en souviens d’une d’entre elles pour son calme incroyable. J’ai pu dormir cinq heures ; le grand rêve. Nous avons mangé alors qu’il faisait encore jour, impossible de trouver la faim à ce moment ! Nous avons pris le temps de discuter avec nos séniors et les autres internes autour du repas immonde. Toujours ces mêmes écuelles en plastique dans lesquelles on peut y trouver des glucides sous forme de riz. En tous cas, on pouvait lire « riz façon créole » sur la boite mystère. J’avoue que visuellement, cela ressemblait bien à du riz. Dommage que je ne mange pas avec les yeux. L’accompagnement reste à la hauteur : une viande qui n’en est pas. Une assiette de légumes comme ils le définissent où l’on peut admirer une tomate de la taille d’une grosse cerise se battre avec un centimètre de chapelure. Ne soyons pas mauvaise langue, les compotes nous sauvent ! Avec ce pain, ce même pain que j’ai dû manger tant de fois que je pourrais le dessiner sans modèle. Passé au four avec la compote et vous obtenez le parfait remontant ! C’est ainsi que nous partageons notre temps, quand nous mangeons, autour d’un festin. Assis à la table, un co-interne de médecine générale prend la parole :

« il faut que je vous montre quelque chose d’incroyable !


- Ah, tu nous as trop vendu ta photo, montre la » demande la chef.

Il sort son téléphone et commence à sourire en voyant l’image. Je ne vois pas de là où je suis. Ma jeune séniore prend l’appareil et commence à faire une mine bizarre, elle se décompose.


« Tu vois ça ? C’est ma chambre d’internat ! ».

Les trois personnes, accoudés autour du docteur commence à partir dans un fou rire. Il continue alors :

« J’ai hésité à contacter l’Agence Régionale de Santé et à envoyer en copie aux chefs mais je ne voulais pas foutre le bordel » dit-il en souriant.

Je me penche en avant, trop curieux. L’horreur s’affiche enfin. Pour vous décrire simplement, on pouvait voir sur les photos des murs initialement blancs, si crasseux qu’ils paraissent noirs. Des fissures et craquelures sont visibles sur tous les murs. La douche est en piteuse état. On peut y voir de la crasse au niveau des angles. La scène parait surréaliste, il rajoute :

« J’ai pris la chambre parce que j’habite à une centaine de kilomètres mais je préfère faire l’aller-retour tous les jours »


-Sincèrement, je ne suis pas étonné » lui dis-je.


Je ne pensais jamais que cela était possible. Faire payer cela... C’est-à-dire que l’hôpital met à disposition pour ses travailleurs qu’il exploite, des lieux totalement vétustes. 

 

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