5. UN CRABE EN PERIGORD

 

C’était une belle journée d’hiver, fraîche, mais ensoleillée à souhait.

A bord de mon véhicule de service, je faisais retour à mon domicile pour la pause méridienne lorsque, j’aperçu un homme, sinon d’un certain âge, en tous cas d’un âge certain, qui semblait en difficulté dans le centre-ville.

Ça n’avait pas l’air d’inquiéter grand monde à cette heure d’affluence, mais je décidais d’aller y regarder de plus près.

L’homme s’appuyait aux vitrines des magasins et se déplaçait à petits pas latéralement, tel un crabe... ce qui m’a bien sûr paru suspect puisque nous étions à marée basse, et qui plus est en Dordogne !

Il était à ce point voûté qu’on eût dit qu’il voulait que je le crusse tassé.

Je tentais donc de lui serrer la pince, mais l’homme qui s’était immobilisé, semblait ne pas pouvoir se détacher de la vitrine contre laquelle il se tenait appuyé, cette fois comme une moule intempérante à son rocher Suchard... manifestement, pas un amoureux de l’amer !

Je remarquais de suite que son élocution était difficilement compréhensible, ce qui, cumulé à son équilibre précaire me confortait un peu plus dans ma première hypothèse : un problème neurologique... peut-être un accident vasculaire cérébral (AVC) ?

Si la truffe du Périgord faisait depuis toujours la fierté de notre belle région, il en était une autre, moins connue mais d’une efficacité remarquable (la mienne), pour renifler une haleine éthylique à plus de 12 km à la ronde ! Et là mes amis, il ne faisait aucun doute que notre octogénaire n’était pas victime de libations. 

Je résumais un rapide examen sémiologique avant d’appeler le 15 :

L’instabilité de la station debout était manifeste.

La dysarthrie (difficulté d’élocution) m’était en revanche plus difficile à apprécier, ne connaissant pas sa manière habituelle de s’exprimer.

Absence de signe de désorientation : Malgré nos échanges compliqués, lui semblait me comprendre lorsque je parlais fort et lentement. Ses propos paraissaient cohérents malgré l’inquiétude qui l’envahissait.

Ses bras étant levés pour s’agripper aux murs et autres vitrines des commerces, j’écartais toute forme de paralysie.

Son visage ne présentait pas non plus de déviation mandibulaire caractéristique d’une paralysie faciale.

Je proposais à l’homme de s’asseoir dans mon véhicule pour limiter ses efforts physiques et éviter qu’il ne chute, puis poursuivais mon interrogatoire à la recherche d’autres symptômes évocateurs de l’AVC :

Souffrait-il d’un mal de tête sévère arrivé brusquement ? Non.

Présentait-il des troubles de la vision, uni- ou bilatérale, de survenue soudaine ? Non.

Ses pertes d’équilibre s’étaient-elles manifestées subitement ? Oui, « assez brusquement en milieu de matinée »... il y avait donc 2 ou 3 heures ! (aïe !)

Voilà qui n’était pas pour me rassurer... en cas d’attaque cérébrale, la prise en charge de la victime dans une unité neurovasculaire spécialisée doit se faire le plus précocement possible (idéalement dans l’heure, même si l’on est aujourd’hui capable de prouesses jusqu’à trois heures).

Chaque minute qui s’écoule, c’est deux millions de neurones qui meurent ! Mais alors que je l’interrogeais sur ses antécédents médicaux, et sur un éventuel traitement médicamenteux, l’octogénaire parvint à m’expliquer qu’il suivait un traitement pour ses pertes d’équilibre.

A court de médicaments, il avait interrompu son traitement depuis deux jours et tentait de rejoindre le cabinet médical pour obtenir le renouvellement de son ordonnance.

Je contactais donc le centre 15 du SAMU qui, compte tenu de cette dernière information m’autorisait à conduire l’homme jusqu’à son médecin, sis à 400 mètres de là, après s’être assuré qu’il s’y trouvait bien, et était susceptible de le recevoir dès notre arrivée pour lever définitivement toute suspicion d’atteinte neurologique grave.

Ce brave petit Papy, très reconnaissant de lui avoir épargné ce fastidieux trajet, fût ainsi remis en mains propres à son médecin traitant.

 


 

Vous l’avez compris, dans l’histoire qui vient de vous être rapportée, cet homme n’était donc heureusement pas victime d’un Accident Vasculaire Cérébral… mais connaissez-vous ce fléau qui frappe chaque année en France près de 140 000 personnes ?

Si vous-même étiez confronté à une victime d’AVC, sauriez-vous en reconnaître les signes, et agir avec efficacité ?

Dans le doute, ou simplement si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet, n’hésitez pas à cliquer sur les liens ci-après.

Bonne lecture, et surtout, portez-vous bien !

 

LE SECOURISME EN VIDEO

https://www.le-secourisme-en-video.org/l-a-v-c-tout-ce-que-vous-devez-savoir-sur-l-accident-vasculaire-cerebral/?logout=1

 

AVC, VITE le 15 !

http://www.avcvitele15.com

 

SOS ATTAQUE CEREBRALE

http://attaquecerebrale.org/

 

 

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